Publié le 15 avril 2022

Il n’y a aucun doute que de nombreux facteurs contribuent au bien-être des salariés et c’est d’ailleurs un sujet qui a repris de l’ampleur avec les changements organisationnels engendrés par la pandémie. Ainsi, les mesures sanitaires, parmi lesquelles on compte l’augmentation du télétravail, ne sont pas restées sans impact. La communication entre salariés a changé fondamentalement par le port du masque, la nécessité de maintenir une certaine distance physique et la peur sous-jacente qui s’est installée dans le rapport à l’autre. Pour les postes où cela fut faisable, le télétravail s’est quasi généralisé, sans que cela n’ait pu être préparé en amont. Or, tout changement entraîne un besoin d’adaptation à des circonstances modifiées. En outre, la sécurité de l’emploi a été ébranlée, notamment pour les salariés travaillant dans les secteurs déjà vulnérables et les plus sévèrement touchés par les restrictions, comme la restauration et le tourisme.

L’étude Quality of Work (QoW) de 2021, publiée en janvier 2022 et issue d’une collaboration entre la Chambre des salariés (CSL) et l’Université du Luxembourg met en évidence l’évolution des différents aspects de la qualité de vie au travail depuis 2013.

Ainsi, l’index QoW mesure des facteurs liés au bien-être au travail, comme la satisfaction avec le revenu, la sécurité de l’emploi, les possibilités de promotion et de formation, l’équilibre vie privée – vie professionnelle, l’autonomie perçue, la coopération et le harcèlement, mais également les exigences mentales, la pression, les exigences physiques et le risque d’accidents.

Alors que les facteurs comme l’équilibre vie privée-vie professionnelle, l’autonomie, les exigences et le harcèlement sont des facteurs intuitivement liés au bien-être au travail, cela n’est pas forcément le cas concernant les possibilités de formation offertes aux salariés.

Cependant, l’étude QoW met en évidence l’importance de la formation continue comme un des aspects centraux contribuant à la qualité du travail. Et pourtant, on observe entre 2014 et 2021 une diminution quasi constante des possibilités de formation perçues par les salariés.

La newsletter BetterWork de la Chambre des salariés (BetterWork N°1 2022 (csl.lu) fait ressortir les différences concernant les possibilités de formation continue selon les caractéristiques des salariés et du type d’emploi. Ainsi, les salariés dans la tranche d’âge inférieure à 34 ans perçoivent de meilleures possibilités de formation que les autres, même si cet écart s’est réduit dès 2019.

Cette constatation nous emmène à insister sur l’importance de la formation continue professionnelle pour toutes les catégories d’âge. Avec l’accélération des changements sociétaux et technologiques, causés entre autres par la digitalisation, les connaissances et les savoir-faire acquis lors de la formation initiale deviennent de plus en plus rapidement obsolètes. La formation continue devient donc d’autant plus importante que la durée de l’expérience professionnelle et le temps depuis les études initiales augmentent. Ainsi, la formation a le potentiel certain de permettre à tous les salariés, quel que soit leur âge, de maintenir et de développer des compétences leur permettant d’évoluer dans le monde du travail.

On observe également des différences, en termes de possibilités d’accès perçues à la formation continue, selon que les salariés habitent au Luxembourg ou dans la région frontalière, à savoir que les personnes résidant en France rapportent le moins de possibilités de se former dans leur entreprise.

En outre, les possibilités de formation continue sont plus élevées pour les salariés à temps plein que pour ceux à temps partiel et elles sont également meilleures pour les personnes travaillant dans des positions hiérarchiquement plus élevées. Cette dernière observation est un fait bien connu, mais non pas moins déplorable vu que les salariés les mieux placés dans la hiérarchie des entreprises sont souvent les plus qualifiés, alors que leurs collègues dans des positions moins élevées bénéficieraient autant, si pas plus, de bonnes possibilités d’approfondir leurs connaissances et savoir-faire. On se retrouve donc en quelque sorte dans une situation de reproduction sociale où les plus formés ont le plus d’opportunités de se former et les moins formés le moins d’occasions.

Cependant, ces constats sont à considérer avec prudence étant donné que des interactions entre différents facteurs, comme par exemple, les caractéristiques des salariés et le type d’emploi occupé peuvent exister et en partie expliquer les corrélations rapportées. Ainsi, sans prétendre fournir une analyse exhaustive des facteurs influençant les occasions de se former, il apparaît clairement que des différences existent et que l’accès à la formation est tout sauf démocratique.

La formation continue n’est donc pas accessible dans la même mesure à tous les salariés ! En sus de l’impact de cette opportunité manquée sur la qualité de vie au travail, il convient de souligner qu’au Luxembourg une large offre de formations est disponible et que, vu la rapidité des changements sociétaux, des mesures devraient être prises afin de garantir un accès équitable à la formation pour tous les salariés.

Pour plus de renseignements sur l’offre de formations du Luxembourg Lifelong Learning Centre, consultez notre site internet, nos réseaux sociaux ou contactez-nous par courriel : formation@LLLC.lu