Publié le 23 mars 2022

L’action de l’Union Européenne en matière d’éducation et de formation professionnelle repose sur le principe de la subsidiarité. Ce principe assure l’autonomie des États-membres dans ce domaine et limite son intervention à des actions d’encouragement, sous forme de recommandations adoptées, sur proposition de la Commission, par le Conseil.

La coordination des positions salariales au niveau européen est assurée par la Confédération Européenne des Syndicats qui les représente auprès des institutions de l’UE.

Les systèmes d’éducation et de formation des Etats-membres convergent de plus en plus, en vertu de la création d’un Espace Européen de l’Éducation à l’horizon 2025, de la mise en œuvre de la Stratégie en matière de compétences en faveur de la compétitivité durable, de l’équité sociale et de la résilience de l’UE et de la coopération européenne renforcée dans le domaine de l’éducation et de la formation professionnels. L’Europe se fixe des plans d’actions, avec des priorités et des objectifs concrets quantifiés dont l’état d’avancement est régulièrement contrôlé à travers la méthode ouverte de coordination, non contraignante mais très exigeante.

L’Union européenne (UE) considère l’apprentissage tout au long de la vie et l’éducation et la formation professionnels comme des moteurs d’innovation et de croissance qui préparent aux transitions numériques et vertes et aux métiers en forte demande et leur attribue de ce fait une attention particulière.

La stratégie en matière des compétences comprend des outils et initiatives visant à soutenir les personnes dans leurs parcours d’apprentissage tout au long de la vie, dont notamment les comptes de formation individuels et les microcertifications. Ces initiatives viennent s’ajouter aux outils existants visant à améliorer la transparence et la reconnaissance des apprentissages et à faciliter la mobilité des salariés et des étudiants au sein de l’UE telles que le cadre européen des certifications et l’Europass.

Dans ce contexte, notre chambre professionnelle se prononce en faveur de l’introduction d’un principe général qui confère à tout salarié un véritable droit individuel à la formation continue et une valorisation de ses compétences tout au long de la vie. Par ailleurs le premier principe clé du Socle européen des droits sociaux stipule que : « Toute personne a droit à une éducation, une formation et un apprentissage tout au long de la vie inclusifs et de qualité, afin de maintenir ou d’acquérir des compétences lui permettant de participer pleinement à la société et de gérer avec succès les transitions sur le marché du travail. » Pour faire du droit à l’apprentissage tout au long de la vie une réalité, les salariés doivent disposer d’un droit légal de pouvoir participer à des cours de formation continue sans risquer de perdre leur emploi ou leur protection sociale, assorti d’un droit à un salaire de remplacement, d’un droit à un soutien financier permettant de couvrir les frais directs de formation et d’un droit à des services d’orientation de qualité.

L’Europe apporte également un soutien précieux au développement des systèmes de l’éducation et de la formation au moyen de son budget et notamment des investissements à travers le fonds social européen et des programmes tels que l’Erasme+ et l’Europe numérique. Les priorités actuelles dans ces programmes sont axées sur l’amélioration des savoirs, savoir-faire et compétences des citoyens et sur la compétitivité au sein de l’Europe et visent à contribuer à la reprise post-covid.

Le Plan d’action renouvelé en matière d’éducation numérique contribue à la priorité de la Commission « Une Europe adaptée à l’ère numérique » et à NextGenerationEU et soutient également la création d’une Europe plus verte. Il constitue un facteur essentiel pour parvenir à réaliser un Espace Européen de l’Education d’ici 2025 et contribue à la réalisation des objectifs de la Stratégie européenne en matière des compétences, du Plan d’action sur le socle européen des droits sociaux et d’une « Boussole numérique pour 2030 : l’Europe balise la décennie numérique ».

La recommandation du Conseil européen pour une éducation au développement durable en cours d’élaboration créera sûrement des incitations à l’intégration des thèmes et des compétences vertes dans les programmes scolaires à tous les niveaux de la scolarité et incitera la création de formations très poussées dans ces spécialisations, tel que proposé par la Commission, les Etats-membres et les partenaires sociaux dans la déclaration d’Osnabrück.

La CSL constate néanmoins que la politique européenne en matière d’éducation et de formation est davantage axée sur les politiques en matière d’emploi que sur la mise en valeur de l’être humain.

Dans les recommandations européennes, le sujet du renforcement du capital humain est presque toujours directement lié à l’employabilité et à la compétitivité, au développement de l’esprit d’entreprise et de l’innovation. Il s’agit d’investir dans la formation de toutes les personnes en âge de travailler afin de garantir en priorité la reprise économique, la croissance et la résilience et non pas le développement personnel et social des citoyens.

La stratégie pour les compétences prévoit bien une action, numéro 8, relative aux compétences pour la vie courante qui vise entre autres le développement de compétences dans les domaines comme l’éducation aux médias, les compétences civiques, ou encore l’éducation financière, environnementale et sanitaire.

Or, de manière générale, la CSL estime que l’importance accordée aux compétences et attitudes mentales liées à l’exercice d’une citoyenneté active et au renforcement d’une identité européenne sont trop peu développées lors de la scolarité, faute d’être formalisées de manière systématique dans des programmes d’enseignement. L’enseignement d’une culture générale et humaniste est souvent délaissé au profit de l’acquisition de compétences essentiellement utilitaires.