Événement : 29 novembre 2023

Conférence « Numérisation et utilisation de l’intelligence artificielle –
Le monde du travail en mutation »

L’implémentation de l’Intelligence Artificielle (IA) n’est plus un avenir incertain et lointain, mais bien une réalité dans de nombreuses entreprises. L’IA est un terme qui fascine, suscite la curiosité, voire l’admiration, tout en attisant les craintes. Elle est entrée dans notre quotidien professionnel et son utilisation va s’accélérer dans les mois et années à venir.

Aussi la CSL a organisé avec son homologue sarrois, la ArbeiterKammer des Saarlandes (AK Saar), cette conférence car il est temps de prendre la pleine mesure des enjeux de ce phénomène afin de se préparer au mieux aux changements qui en découlent. Plus de 170 participants s’étaient inscrits à l’événement.

Dans leur discours d’introduction, Nora Back, Présidente de la CSL et Thomas Otto, Directeur général de la Chambre du travail de la Sarre ont partagé leurs positions et souligné le rôle des chambres salariales sur ces sujets dans la transformation du monde du travail. Pour nos institutions, il importe que les salariés puissent profiter du progrès technique et technologique sans en subir les risques pour leur santé mentale, leur qualification et leur emploi.

La conférencière Madame Kathrin Hartmann, collaboratrice de l’AK de la Sarre et collaboratrice scientifique auprès de BEST Beratungsstelle für sozialverträgliche Technologiegestaltung a dans un premier temps donné une définition de l’IA ainsi qu’une vue synoptique de son implémentation dans le monde du travail aujourd’hui. Elle qui met les changements qui se produisent dans les entreprises dans le cadre de la transformation numérique au cœur de son travail, a mis l’accent sur la nécessité d’organiser cette transformation de manière transparente et équitable pour toutes les parties prenantes de l’entreprise.

En effet, aujourd’hui déjà, les champs d’application de l’IA sont multiples que ce soit dans l’apprentissage, la résolution de problèmes, la planification, l’aide à la prise de décision, la représentation des connaissances ou encore la reconnaissance vocale.

Afin d’anticiper et de préparer au mieux le terrain à l’introduction de modules d’IA, il faut comprendre ce que cela implique pour les salariés. L’objectif étant, qu’une réflexion soit menée dès le début, sur les avantages du projet de module d’IA à implémenter, tant sur le travail, la sécurité que sur la santé des salariés mais également sur les risques qu’une telle implémentation peut engendrer. Si l’IA est utilisée de manière raisonnable, elle peut être un véritable soutien pour les salariés. Elle peut, dans le cas de postes de travail pénibles ou à risque, comme dans un environnement de travail bruyant ou dangereux, prévenir l’apparition de troubles musculosquelettiques ou de maladie.  Dans le cas d’une tâche complexe, l’IA peut assister le salarié ou compléter et proposer une primo-analyse pour aider à la prise de décisions.

Les modules actuels de l’IA sont ce que l’on appelle des « IA faibles ». C’est-à-dire qu’ils sont conçus pour une application spécifique, pour résoudre des tâches concrètes pour lesquelles le système a été développé et entraîné. Les algorithmes sont développés et les résultats issus de l’IA sont de plus en plus précis et de plus en plus qualitatifs grâce aux données collectées. Ainsi l’application de l’IA s’auto-améliore en continu. Ceci est intéressant et honorable, cependant l’alimentation de cette méta-base de données pose des questions juridiques, éthiques et sociales.

Nous ne devons pas oublier que dans un monde de plus en plus numérisé, la collecte de données et leur utilisation sont au centre des préoccupations. Et sous le couvert d’une amélioration continue des processus de production, des données sur les salariés sont souvent collectées. Pour cela, l’accès à ces données ne doit pas se faire en dehors d’un certain cadre réglementé et doit être strictement encadré. Car les dérives dans ce domaine conduisent insidieusement à un climat de méfiance et de contrôle permanent. Un climat qui peut nuire à la qualité de la vie professionnelle et à la santé mentale des salariés concernés. C’est pourquoi la décision d’introduire des modules d’IA dans une entreprise ne doit pas être prise à la légère. Il est important de comprendre qu’une introduction de modules de IA dans l’entreprise demande une participation et cogestion dans la définition des objectifs, dans le développement, ainsi que dans la mise en œuvre et l’évaluation. Mais également pour l’analyse d’impact technique et social que ce soit dans l’analyse des risques, de la protection et de l’utilisation des données collectées pour améliorer et entrainer les systèmes. Tout est basé sur la transparence et les mécanismes d’intervention. Il est donc plus que nécessaire de s’accorder sur une charte technique et éthique dans les entreprises. Toutes les parties prenantes concernées devraient être concertées. Et les délégations du personnel doivent jouer un rôle essentiel dans le processus de décision.

L’introduction d’un module d’IA devrait toujours tenir compte de la mise en œuvre concrète du système dans le processus social. Pour cela, la transparence au sein de l’entreprise s’avère être un facteur de réussite central lors de l’introduction et en cas de modifications des systèmes d’IA dans l’entreprise.  Cela implique que les salariés et les représentants du personnel s’informent et se forment sur ces sujets afin de pouvoir comprendre et de pouvoir évaluer l’impact aussi bien avant l’introduction d’un système d’IA que pendant son utilisation dans leur quotidien professionnel.

À la CSL, nous sommes conscients de cette réalité, et nous soutiendrons ces acteurs par le biais de nos offres de formation continue pour qu’ils acquièrent une juste compréhension des tenants et des aboutissants et qu’ils soient ainsi en mesure d’intervenir de manière proactive et de défendre au mieux les intérêts des salariés.